Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tais de garder les apparences du passe temps le plus innocent ; mais j’avais affaire à des juges experts en matière de faiblesse humaine.

— Joueriez-vous par hasard ce beau cheval bai brun ? me demanda, en me saluant, le cavalier à la veste d’indienne, et en accompagnant son salut d’un regard perçant.

– Précisément, répondis-je.

— En ce cas, vous jouez gros jeu, mon maître, reprit le cavalier, et si, comme je le crois, ce cheval est le vôtre, je vous souhaite une chance favorable mais serait-il indiscret d’assister à votre partie ?

— Je préférerais la finir comme je l’ai commencée ; j’ai toujours remarqué que je joue avec plus de bonheur quand je n’ai pas de témoins.

Le cavalier trouva mes scrupules de joueur trop respectables pour ne pas se conformer à mes désirs, et, se tournant vers son compagnon :

– Aussi bien, dit-il à celui-ci, le temps nous presse ; c’est ici que nous devons nous séparer ; comptez que, si j’en ai le loisir, j’irai demain vous rejoindre à la fête de Manantial, quoiqu’à dire vrai, si certains indices ne m’abusent, le vent du nord ne doive pas tarder à souffler.

– À demain donc, si c’est possible, répondit le Jarocho, et les deux cavaliers se séparèrent, le pre-