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bruits perçait la voix d’un petit homme menaçant ; il faisait sa proclamation. — Citoyens, la Savoie est conquise par les armes françaises ; ce jour, le premier de la république universelle, promet le bonheur aux amis de la Convention et la mort aux suspects : choisissez. Il n’y a plus de soi-disant monastères ; celui d’Hautecombe a cessé d’être. — Puis il ordonne le départ. Tous les débarqués de la flottille des noces descendent à la fois, muets, mornes et serrés ; ils font rouler sous leurs pas les cailloux du chemin où Corvény avait commencé sa journée. À la vue des flots soulevés, les soldats-jacobins sont impatients d’être aux prises avec l’abîme ; ceux du tertre les excitent par des chants. Corvény entendait les uns et les autres dans son souterrain ; elle avait dit vrai : — À la demain dévastation !

Au même bord et un peu plus loin s’élevaient les lamentations des femmes ; elles ne voulaient pas mettre le pied sur la frêle es-