Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 126 —

à Hautecombe, avant de retourner au val d’Aoste. Il s’était installé dans l’asile même des morts ; son pied-à-terre avoisinait l’ossuaire de ses prédécesseurs parmi lesquels il y en avait de la famille du commissaire. Il faisait ainsi sa dernière halte au vestibule des trépassés, au seuil même des tombes ducales, qui n’avaient plus que lui pour gardien. Il se complaisait d’avance dans ces honneurs du sépulcre partagés par les moines avec les princes. L’alliance des uns et des autres semblait ainsi survivre au tombeau ; elle allait finir par la communauté des ruines : c’était assez pour le tuer.

Ces lampes qui brûlaient depuis des siècles dans leurs caveaux funèbres allaient s’éteindre sous ses yeux, peut-être pour toujours, au souffle de l’enfant de sa sœur. Il avait trop vécu ; l’airain sur sa tête devait sonner plus tôt sa dernière heure. Investi de la désolation du présent qui dévorait le passé, il voyait les corps de marbre couchés sur les cercueils va-