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Saint-Bernard qui me répondirent, en aboyant dans le lointain, et nos guides s’écrièrent : — L’hospice ! l’hospice ! voilà les chiens. — En effet, les envoyés de nos frères s’élançaient, hurlant de joie, pour s’emparer de nous et nous donner à leurs maîtres. Ceux-ci, en nous recevant dans leurs bras, ne savaient ce qu’ils devaient plaindre le plus dans nos malheurs. Nous n’avions plus de foyers, plus de patrie ; et la route qui nous conduisait à l’exil avait failli devenir notre tombeau. C’était avec une sorte d’ivresse qu’ils se mirent à nous prodiguer tout leur être, toute leur existence, tant qu’il leur fut possible dé nous retenir ; puis vint le moment de la séparation. Qu’ils sont cruels ces adieux qu’on laisse sûr sa route à ceux qu’on aime et qu’on ne doit plus revoir, ignorant soi-même ce qu’on deviendra ! C’était pour la troisième fois que j’avais à les faire en quelques jours ; je passais par toutes les épreuves qui font mourir avant terme.