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Jouant avec l’oiseau, plus folâtre que lui,
S’il joue avec le mal, il pleure… tout a fui !…

A vos douceurs, mon Dieu, vous mettez vite un terme ;
Ainsi l’oiseau qui chante, évadé de son germe,
Dans les lacs du chasseur finit avec ses chants,
En ces mêmes sillons, au bord des mêmes champs,
Où le soc oublia cette plante épargnée
Qui réservait pour lui sa graine dédaignée.
L’âge que vous aimez, c’est, l’enfance pourtant,
Et nul autre à vos yeux n’est pur qu’en l’imitant.
Oh ! soyez donc béni par ces voix consolantes,
Et, plus haut, dans les airs, par ces tribus volantes
Qui s’en vont d’arbre en arbre, en tourbillons joyeux,
Gazouiller votre nom que savent tous les cieux !
Le rameau couronné de leur troupe d’automne
Forme un concert vivant que chacun d’eux entonne,
Volant de l’arbre au champ, par le grain convié ;
Et, comme un tissu d’or en tombant déplié,
L’aile qui se dévoile à chaque instant reflète
Ces couleurs que toucha la céleste palette !

Quand les frimas viendront sur les pas des hivers
Dérober leurs sillons à ces hôtes divers,
Et que le givre aura, de ses flèches d’albâtre,
Armé contre eux les bois qu’ils avaient pour théâtre,
Exilés de ces lieux que le ciel leur reprend,
Qui surent les secrets de leurs amours dernières,