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d’abord le parti de rire à son aise de cette bonhomie des gens ; mais un temps vint où il en fut tout autrement. Il se voyait traité pire qu’un lépreux ; s’il paraissait, tout fuyait ; il n’avait plus pour lui que ses chers moines et les deux dogues du monastère, qui lui léchaient toujours les mains et lui faisaient mille caresses. Quant aux serviteurs de l’abbaye, ils étaient à se demander ce qu’il fallait penser de lui et ne se souciaient plus du tout d’entrer la nuit dans sa chambre. C’était au point que le pauvre Nain était vraiment à plaindre, parce qu’il prenait la chose vivement à cœur sans rien dire aux moines. Il aimait de toute son âme les êtres qui le fuyaient ; il ne savait que devenir ; il était malheureux. La science ne pouvait rien là ; c’était au contraire un fardeau de plus. La solitude ne faisait que l’accabler ; c’était à n’y pas tenir. La cour du comte Rouge et la fréquentation des seigneurs lui étaient devenues à charge depuis que son cœur souffrait. D’ail-