Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 210 —

tenté de l’amour de la jeune villageoise. Cependant comme le petit Maître-Jean poussait la délicatesse de la vertu jusqu’au scrupule, il ne se fût point permis de converser familièrement avec Florine, si elle n’eût été sous les yeux de sa mère. Celle-ci, dans son embarras, ne savait comment s’y prendre pour remercier le bienfaiteur de sa famille. À la vérité, le Nain n’était plus pour elle qu’un homme, et pas autre chose, sans commerce avec les gens de l’autre monde, sans que bohémienne lui eût jamais donné son lait. Néanmoins il y avait une idée qui la fatiguait d’une manière étrange : cet homme, s’il n’était pas sorcier, était au moins devin ; en conséquence il savait tout ce qui s’était passé dans l’âme de Florine et la sienne. C’était là pour le moment une pensée poignante, surtout en face de celui qui en était l’objet. Aussi la vieille et digne femme, larmoyante à la fois d’attendrissement et de confusion, ne s’exprimait que par des soupirs. Le Nain comprit