Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 26 —

qu’elle ne mendiait pas, lui venait toujours ; l’hospitalité allait au-devant de sa vertu justement estimée ; Pourtant il arrivait quelquefois qu’elle n’était guère la bienvenue ; on redoutait le maléfice de ses prétendus sortiléges. Hâtant le pas ou le ralentissant, suivant qu’il y avait lieu d’outre-passer ou de stationner, elle avait toujours un regard pour la porte ou la fenêtre devant laquelle elle passait. Les enfants la huaient parfois ; mais elle n’avait pas d’oreilles pour ces bruits-là, et les enfants eux-mêmes lui servaient souvent d’ingénus

émissaires. C’était ainsi que la vieille Corvény savait tout, voyait tout, entendait tout, et passait pour sorcière. Elle résistait à sa réputation, mais non pas à l’œil de ceux qu’elle chérissait surtout, des prêtres. Bien qu’elle ne fût ni impure, ni mécréante, ni sorcière, rien ne la désorientait comme le visage d’un homme d’église. Un tel homme la décontenançait toujours ; alors ses pronostics l’embarrassaient ; elle les donnait en femme commune, en va-