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on pèse une vile matière. Vous verrez tout cela ; et dans ces murs désolés, il n’y aura plus que dévastation. Vieillards et jeunes

hommes, vous verrez venir à vous la barque de l’homme inique, et vous frémirez ; pour vous faire sourire à leur démence, ils vendront au plus offrant ce que nous aurons laissé, le champ que nous avions au soleil, et que vous n’aurez pas maudit en le labourant, j’en atteste le ciel et vous. Si vous prenez nos biens, ne prenez pas le crime. Qu’il ne se trouve pas parmi vous un violateur du sanctuaire ; fécondez plutôt le flanc du rocher ou l’abîme des flots ; n’ouvrez pas un trafic sacrilége sur l’autel du Seigneur ; et, si jamais quelque exilé de France suivait le chemin que vous seuls connaissez, que de toutes parts lui vienne son pain de chaque jour, posé sous l’arbre de la forêt, dans le creux du rocher. Réjouissez-le de ce qu’il n’y a pas parmi vous de traître ouvrant la main au denier qui provient de la vente du