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faisait le tour des nacelles comme les franges d’une mantille ; rouges, blanches, vertes, elles s’éparpillaient ensemble ou flottaient ondoyantes l’une après l’autre, et retombaient effleurant l’onde et le sein des jeunes femmes. Les nacelles, avec leurs arches de verdure et les pieux entourés de guirlandes qui leur servaient de colonnes, ressemblaient à des tentes mobiles ; des bouquets de plantes de montagnes embaumaient ces berceaux conduits par l’aviron. Toutes les rames s’élevaient tombaient ensemble et les douze barques, dociles au concert des nochers, voguaient côte à côte. Elles glissèrent en un clin d’œil, et comme par enchantement, de l’une à l’autre rive, obliquant leur route, au milieu des transports d’une éclatante joie.

La troupe villageoise venait de se répandre sur le rivage, folâtre et bruyante ; puis on l’avait vue s’éparpiller aussitôt, confondue dans cette fourmilière d’hommes et de femmes débarquant de tous côtés ; c’était un pêle-mêle