Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 66 —

roi détrôné avait été entassé pêle-mêle dans les prisons. La duchesse de Lamballe s’y trouvait parmi tant d’autres victimes. Il fut résolu qu’on égorgerait tous les détenus sans les juger, pour épouvanter leurs partisans. Des troupes d’assassins, pourvues de tout ce qu’il fallait pour gagner leur journée, s’en vinrent aux portes des prisons attendre leur besogne. Sur l’appel du geôlier, les victimes ignorant ce qu’on leur préparait, sortaient l’une après l’autre. Elles comparaissaient, pour la forme, devant l’ordonnateur du massacre qui les interrogeait, assisté de deux bourreaux, ayant les bras nus, les pieds dans le sang. L’arrêt de mort était conçu en ces mots, dont les bourreaux seuls savaient le sens : — À la Force… On faisait passer la victime entre deux haies de brigands, sous la voûte d’un corridor ; et c’était un cadavre de plus jeté à travers la cour. Une jeune fille, mademoiselle de Sombreuil, en bu-