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ANNEXES.

trouve immédiatement intéressé. Il est en contact, en arrière, avec le diaphragme qui le repousse lors de son abaissement, et, en avant, avec le foie, organe compact, incompressible, qui le refoule en arrière.

Ces compressions se produisent l’une et l’autre dans les deux sens, vertical et horizontal, et le rein se trouve forcément énucléé. Le même effet ne se produit pas à gauche, car le rein gauche n’est en contact qu’avec la grosse tubérosité de l’estomac qui se laisse aisément déprimer ; c’est ce qui explique la fréquence des déplacements du rein droit.

Toutes ces raisons prouvent surabondamment que le corset, tel qu’on le fait actuellement, est un instrument dangereux. Les femmes l’adoptent dès leur jeune âge, pendant la période de leur développement ; il donne à leurs fonctions nutritives une mauvaise direction dont elles se ressentent toute leur vie.

Je vais plus loin et je prétends qu’il altère les formes au point de vue esthétique, il diminue la cambrure naturelle de la taille et empêche le redressement de la colonne vertébrale.

En avant, il rétrécit la région épigastrique et rapproche le sternum de la taille de telle sorte que la face antérieure du corps s’incurve et devient concave jusqu’au moment où le développement des seins et la proéminence du ventre lui donnent une forme tout à fait spéciale et qui n’a rien de commun avec la beauté. En un mot, il immobilise le corps dans une attitude vicieuse. Cette coutume est un vestige des usages barbares ; je ne saurais mieux la comparer qu’au pétrissage de la tête des enfants en vue des déformations crâniennes, ou bien encore à l’emprisonnement des pieds chez les femmes chinoises. Certaines parties du corps ont besoin d’être libres, laissons-les libres, et que la santé, la souplesse, le libre développement soient considérés désormais comme le criterium de la beauté.

Mais ce corset qu’on réprouve depuis des siècles, est-il donc impossible de le transformer ? Ne peut-on, tout en laissant à la femme ses formes gracieuses, imaginer un appareil qui soit à l’abri de toute critique, c’est-à-dire qui maintienne nos organes à leur place respective et qui leur laisse en même temps toute la liberté nécessaire à leur bon fonctionnement ? Je crois pouvoir répondre par l’affirmative. Oui, un corset inoffensif est faisable ; mais, par exemple, il ne ressemblera en aucune façon à ce qui existe actuellement. Et, en effet, si réellement une modification