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Et… et voilà tante Olympe, assise dans son fauteuil. Ah ! oui, elle se souvenait de tout maintenant, elle avait eu un grand mal de tête et sa tante lui avait conseillé de se coucher et sans doute elle avait veillé près d’elle ; pauvre tante Olympe ! Mais… se trompait-elle… rêvait-elle encore ?… La tête qui s’appuyait sur le fauteuil de Maxime, était-ce bien celle de sa tante ?

Petite Nell essaya de se pencher en avant. Oui, bien sûr, elle rêvait encore, car ces jolis cheveux châtains, partagés sur ce front pâle, un peu fatigué, n’étaient pas ceux de tante Olympe ; ces beaux sourcils bruns n’étaient pas non plus les siens, cette bouche grave, un peu austère, ces mains blanches qui reposaient sur la robe noire de la dormeuse, ne lui avaient jamais appartenu.

De plus en plus perplexe, Petite Nell ferma les yeux pour échapper à cette nouvelle vision. Quand elle les rouvrit, un gai soleil remplissait la chambre et… elle venait d’apercevoir, au pied du lit, cette même figure inconnue, qui lui sembla se pencher sur elle d’un air anxieux.

Petite Nell resta immobile.

— Je crois que je rêve, murmura-t-elle, en passant la main sur son front.

L’apparition eut un sourire qui laissa voir à Petite Nell deux rangées de dents très blanches.

— Non, dit-elle, vous ne rêvez plus.

— Mais alors…

— Mais alors, vous voudriez savoir qui je suis et ce que je fais ici ?

— Oui, madame.