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un objet de parfaite inutilité. Tout au fond, à l’endroit où finissaient les carrés de légumes et les plates-bandes de fraises, un vieux pavillon, comme s’il avait eu honte de son existence, se cachait sous une épaisse couverture de vigne vierge.

Bien des fois, oncle Nestor avait proposé à sa belle-sœur de raser ce meuble et ce feuillage inutiles, et d’installer à leur place quelque bel arbre de rapport, car, selon lui, ce fouillis de verdure n’était propre qu’à fournir de rhumatismes les fous qui venaient y chercher ombre et fraîcheur.

Mais à toutes ses railleries tante Olympe avait fait la sourde oreille, et elle avait réussi à conserver intact cet abri qui lui rappelait maints souvenirs de son enfance.

C’était là que, depuis quelques jours, Maxime descendait, chaque matin, Petite Nell et la déposait dans son fauteuil, avec les mêmes précautions que si elle eût été de verre. Lorsqu’un beau matin on lui dit qu’il n’aurait plus à descendre au jardin que le fauteuil de sa cousine, il fut presque un peu déçu que les forces lui fussent si vite revenues.

Ce jour-là, Petite Nell et son amie ne quittèrent pas le pavillon de tante Olympe, mais, contre leur habitude, elles restaient de longs moments silencieuses, absorbées chacune dans leurs propres pensées.

— Je viendrai demain de bonne heure, pour savoir comment vous avez dormi sans votre garde-malade, dit sœur Hélène en regardant du côté où le soleil allait bientôt disparaître.

Et, comme la fillette ne répondait pas, elle ajouta d’une voix qu’elle voulait rendre très gaie : « Et dans