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— Il faut une autorité dans l’Etat, ajouta en se rengorgeant M. Moutonnet.

Tous les paysans présents opinèrent du bonnet, et M. Maujars dit :

— Autrement nous aurons toujours des révolutions.

Je ne pus m’empêcher de hausser les épaules.

— Eh ! certainement, répondis-je ; il faut une autorité. Mais la République prétend-elle gouverner sans une autorité ? Une république a toujours un chef ; seulement comme il importe d’avoir un bon chef, ne vaut-il pas mieux le choisir parmi les plus capables que de s’en remettre aveuglément au hasard de la naissance.

Quoi ! parce qu’un tel sera fils, neveu ou simplement cousin de roi, vous le prendriez pour chef, qu’il soit idiot, fou, débauché, ignorant des besoins du pays, qu’importe ? C’est tout simplement bête. Voilà précisément ce qui nous amène des guerres civiles et des révolutions. Car avec ce système, quand le peuple n’est plus content de son roi, il n’a qu’une ressource pour le remplacer, une révolution ; n’est-ce pas ce que nous voyons depuis 89 ? Depuis cette époque, un seul roi, Louis XVIII, a pu mourir sur le trône.

N’est-il pas mille fois plus simple d’adopter un gouvernement où l’on choisit son chef à l’élection ? Si l’on est content, on lui continue ses pouvoirs, et si l’on est mécontent, on le remercie tout simple-