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ment en ne votant pas pour lui. Cela me semble si simple, si simple, si juste et si raisonnable que je ne puis comprendre vraiment que cela ne tomba pas sous le sens de tout le monde.

— Sapristi ! oui, c’est bien simple, s’écria un paysan qui jusque-là n’avait pas dit un mot, et je ne sais pourquoi, sapristi ! on s’amuse à nous embrouiller la cervelle pour nous faire croire qu’il nous faut un roi, et que sans un roi nous sommes tous perdus.

Je vis le moment où le curé allait nous jeter sa calotte à la tête. Il ne pouvait plus parler, tant la colère le suffoquait.

— Mais toutes ces élections, repartit M. Maujars, troublent le pays. Nous voulons un roi, parce que la royauté c’est l’ordre, la stabilité, la concorde.

— Et moi j’ajouterai, dit le curé, parce que c’est le droit.

À ces mots je ne pus m’empêcher de rire.

— Oui, le droit divin, n’est-ce pas ?

— Eh bien ! oui, monsieur, le droit divin, répéta le curé d’un air de défi.

— Mais, monsieur le curé, où donc le pêchez-vous, ce droit divin ? Quand donc Dieu est-il venu dire aux hommes : Telle famille régnera sur le trône de France ; telle autre sur le trône d’Italie ; telle autre sur celui d’Autriche ? Où et quand Dieu a-t-il fait cette révélation ?

— Non pas Dieu, mais le pape, son re-