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présentant sur la terre et qui sacre les rois.

— Oui, mais vous nous permettrez de croire que le pape a pu se tromper, car il n’est infaillible que depuis fort peu de temps. Monsieur le curé, l’heure est passée où l’on pouvait faire avaler au peuple de pareilles couleuvres. Aujourd’hui tous les gens qui ont le sens commun savent qu’une nation n’est pas autre chose qu’une association, et que tous les citoyens qui la composent sont des associés qui se réunissent pour se garder, se secourir mutuellement, et voter ensemble les lois auxquelles ils doivent se soumettre.

Or, dans toute association, les associés ont le droit tout naturel de nommer leur gérant et leur conseil d’administration. Chez une nation, le conseil d’administration s’appelle Chambre, Assemblée nationale ; le gérant, roi ou président de la république. Et comme tous les hommes sont égaux devant Dieu, monsieur le curé, le plus humble des associés doit avoir les mêmes droits que le plus haut placé.

Mais dans votre ancien droit divin ce n’était point cela. Un individu, à la tête d’une armée, c’est presque toujours ainsi à l’origine, imposait, au nom de Dieu, son autorité à une nation sans seulement la consulter, et donnait comme loi divine sa volonté, quelque absurde et injuste qu’elle pût être. Heureusement que la grande révolution a changé tout cela.