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— Lui ! le lâche ! les Français le nommeraient encore ! Non, non ; arrière, vil galopin, qui as osé te fourrer dans l’auréole de ton oncle, arrière, sacripant, qui es venu salir un nom que nous avions couvert de gloire, arrière, traître infâme, arrière, et vive la république, la sainte république qui, seule, peut nous sauver de l’ignominie et réparer nos désastres !

À mesure qu’il parlait, le père Sergent semblait grandir encore ; son œil pâle lançait des éclairs ; il était superbe, le vieux brave, dans sa sainte colère. Tout le monde le regardait avec respect, presque avec crainte.

Quand il eut fini, il vint s’asseoir à côté de moi, et je vis deux larmes rouler sur ses joues sillonnées et se perdre dans ses grandes moustaches.

C’était un dernier regret pour l’empereur, sa vieille idole qu’il venait de briser.

— Vous l’avez entendu, dis-je à mon tour, voilà où conduit l’ambition des rois et cet amour des conquêtes : à la guerre, à la ruine, à la honte ; et quelle ruine ! quelle honte ! Ce n’est pas de vingt ans que notre malheureux pays pourra se relever.

M. Moutonnet, voyant l’embarras de ses convives, ne trouva rien de mieux que de lever la séance.

— Messieurs, dit-il, on vote dimanche, nous nous retrouverons au scrutin.