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moins de beaux parleurs qui ne servent qu’à tout embrouiller, et plus de gens solides et sensés, moins de royalistes, de richards qui ne songent qu’à sauver leurs écus, et plus de républicains dévoués à la cause du peuple, on pourrait s’entendre et fonder une bonne République.

Ce nom de Caboche qui peut-être vous fait rire, je le porte fièrement. C’est un sobriquet donné à mon grand-père, parce qu’il était fortement entêté dans ses opinions.

Mon grand-père était un révolutionnaire de 89, de cette grande révolution qui a tiré le pauvre peuple de France de l’oppression et de l’affreuse misère où le roi, la noblesse et le clergé le retenaient depuis tant de siècles.

Mon père Caboche, deuxième du nom, n’avait point dégénéré. Ce fut aussi jusqu’à son dernier souffle un bon républicain.

Quant à moi, qui ai sucé, comme on dit, l’amour de la république avec le lait, je suis un insurgé de 51, ou plutôt j’ai marché contre l’insurgé, le traître, l’usurpateur qui violait la constitution de la République, contre le despote aussi lâche qu’insensé, qui vient de plonger notre pays dans la dernière des hontes et des misères. Il faut ajouter que j’ai payé mon courage du bagne de Lambessa.

Voilà, mes amis, mes quartiers de noblesse, à moi. Vous voyez que je suis de