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Vers six heures du matin, après deux heures de combat, les argentins ne tiraient presque plus avec leurs canons.

Par contre l’artillerie araucane tonnait toujours ; ses obus, chargés à l’haguenite, faisaient des ravages terribles dans les rangs argentins, l’évacuation de l’infanterie se faisait péniblement, gênée par les obus qui la pourchassaient.

Voyant le désordre s’introduire dans les rangs ennemis, Lucien fit avancer son infanterie.

Entre ces deux sorts : être fusillé par derrière ou périr en combattant, le généralissime ne pouvait pas choisir. Il fit donc aligner ses troupes sur un front de dix kilomètres ainsi que ses mitrailleuses.

L’artillerie araucane se borna dès lors à bombarder les renforts qui affluaient et les empêcher de prendre part à la bataille.

Les avions, de leur côté, continuaient à empêcher les canons de tirer. Comme le front était assez vaste, Lucien commanda à son infanterie de se déployer et d’avancer en tirailleurs.

C’est ainsi que vers dix heures, ne se trouvant plus qu’à 50 mètres de l’ennemi, il donna l’ordre d’attaque générale.

Les fusiliers des avions, tirant de 200 mètres de haut, visaient les servants des mitrailleuses et les abattaient en masse. Le corps à corps fut terrible. Les Araucans, commandés par leurs officiers japonais, enfonçaient tout, culbutaient les obstacles, sautaient comme des tigres par dessus les cadavres et avançaient toujours. La débandade commença, les hommes, les officiers étant impuissants à les retenir, fuyaient.

L’état-major et le généralissime durent prendre la fuite pour éviter d’être capturés.

À midi le chemin de fer avait été dépassé et les fuyards s’éloignaient, la plupart sans armes, vers le Sud c’est-à-dire en Patagonie. Le butin était de 500 canons et 1000 mitrailleuses, des munitions et tout le matériel de guerre.

45.000 cadavres jonchaient à nouveau le champ de bataille, pas de blessés, car les blessures à l’haguenite étaient mortelles.

De son côté, Lucien eut 1500 morts et 7000 blessés recueillis aussitôt par ses avions d’ambulance.

Du côté du corps d’armée Buendia, les choses n’avaient pas marché mieux. Dès le début il avait commencé à se replier en arrière comme l’avait commandé le généralissime.

Mais Lucien l’avait forcé au combat. Toutefois ce corps d’armée avait résisté plus longtemps car l’effort principal de Lucien s’était porté vers l’aile gauche argentine.

En outre le terrain était plus favorable à l’artillerie argentine ; à midi elle tenait encore.

Lucien voulut en finir. Reportant le gros de ses forces contre