Page:Gallia Christiana, 1715, T1.djvu/27

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EXTRAIT DU PROCÉS VERBAL DE L’ASSEMBLEE generale du Clergé de France, de l’année 1710.

Du Mardy 17. Juin à 8. heures du matin.
Monſeigneur le Cardinal de Noailles Preſident.



M

Onseigneur l’Archevêque de Narbonne & Monsieur l’Abbé de Premeaux Commiſſaires nommez pour la nouvelle Edition du Livre intitulé, Gallia Chriſtiana, ont pris le Bureau, & Monſeigneur l’Archevêque de Narbonne a dit, que l’Aſſemblée leur aïant fait l’honneur de les charger du ſoin d’examiner les propoſitions de Dom Denis de Sainte-Marthe, Religieux Benedictin demeurant à l’Abbaïe de ſaint Germain des Prez, qui a projetté de faire une Edition plus ample & plus exacte du Gallia Christiana, ils avoient eu pluſieurs conferences avec lui, & qu’il leur a rendu compte du plan de ſon Ouvrage & du ſuccés de ſes recherches.

Qu’on avoir long-tems ſouhaité dans l’Eglise de France une Hiſtoire qui renfermât l’origine de ſes Eglises particulieres & la ſucceſſion de ſes Evêques, & qu’on le ſouhaitoit avec d’autant plus de raiſon, que ſaint Irenée, Tertullien, ſaint Auguſtin & les autres Peres de l’Egliſe ont tiré de cette ſucceſſion l’un de leurs plus ſolides argumens contre les Heretiques ; mais que ce n’a été que dans le ſiecle dernier qu’on a commencé de travailler à un Ouvrage ſi utile & ſi neceſſaire.

Qu’en l’année 1621. Jean Chenu natif de Bourges, Avocat au Parlement de Paris, fit paroître une Hiſtoire Chronologique in 4o. des Archevêques & Evêques de France. Que cet Ouvrage étoit loüable par les intentions de l’Auteur, & parce qu’il étoit le premier qui ſembloit en avoir formé le deſſein ; mais que ce Livre n’avoit pas rempli l’attente ni la curioſité du public. Que depuis, Claude Robert, grand Archidiacre de Châlons sur Saone, donna un Recuëil moins défectueux in folio en 1626. mais que s’appercevant ſans peine que le Recuëil n’étoit pas aſſez ample, il exhorta ſur la fin de ſes jours Meſſieurs de Sainte-Marthe à faire ce qu’il n’avoit pû executer.

Que c’etoit donc aux deux celebres gemeaux, Scevole & Loüis de Sainte Marthe, que cette gloire étoit reſervée avec d’autant plus de justice, que ledit Jean Chenu & Claude Robert ont reconnu leur être redevables d’une partie de ce qu’il y a de meilleur dans leurs Ouvrages.

Que c’eſt dans l’Aſſemblée generale du Clergé convoquée en 1645. qu’on peut dire que le Gallia Christiana a pris ſa naiſſance ; puiſqu’ils firent part de leur deſſein à ladite Aſſemblée, & lui preſenterent l’Epître dedicatoire du Livre qui commençoit à être ſous la preſſe. Qu’en effet, pour emploïer les termes du Procés verbal du 8. Janvier 1646. l’Aſſemblée bien informée du merite deſdits ſieurs de Sainte-Marthe, & des avantages qui peuvent revenir à l’Egliſe de l’Impreſſion de leurs Livres, a arrêté qu’ils ſeront conviez de la faire continuer inceſſamment ; & pour marque de ſon eſtime, & les dédommager aucunement des frais de ladite Impreſſion, a reſolu qu’il leur ſera fait un preſent de ſix mille livres.

Qu’animez par ces marques de l’eſtime du Clergé, ils redoublerent leurs ſoins pour la conſommation de leur entrepriſe ; mais qu’étant decedez avant l’Aſſemblée tenue en 1655. & 1656. ils laiſſerent à Pierre, Abel & Nicolas de Sainte-Marthe, tous trois fils de Scevole & neveux de Loüis, l’honneur & l’avantage de preſenter à ladite Aſſemblée le Livre de Gallia Christiana, dont l’Edition venoit d’être achevée.

Qu’alors l’Aſſemblée nomma des Commiſſaires pour examiner le Livre avant de permettre qu’il parût ſous le nom du Clergé, & que ces Commiſſaires (qui furent Meſſeigneurs Pierre de Marca Archevêque de Toulouſe, Antoine Godeau Evêque de Vence, François Bouſquet Evêque de Montpellier, & Meſſieurs les Abbez de Berthier, d’Eſpeiſſes & Lemoyne, perſonnages d’une tres-grande reputation) aïant donné des Approbations autentiques à cet Ouvrage, l’Aſſemblée le reçut avec les éloges qui lui étoient dûs & à ſes Auteurs : joignant à ces éloges une penſion annuelle de 500. livres pour chacun des trois freres, heritiers de Scevole & de Loüis de Sainte-Marthe.

Monſeigneur l’Archevêque de Narbonne a ajoûté, que dans ce Livre qui contient une matiere ſi étenduë, on y trouve ce qu’il y a de plus remarquable dans l’Hiſtoire Eccleſiaſtique de France, (ſuivant les anciennes limites des Gaules que forment la Mediterranée, l’Ocean, le Rhin, les Alpes & les Pyrenées) & les actions dignes de memoire de chacun de ſes Evêques, dont les uns ſont devenus ſi celebres par le martyre, d’autres par leurs miracles & l’auſterité de leur vie ; un grand nombre par leur doctrine & par leurs travaux pour la défenſe de la Foi ; d’autres par la Pourpre Romaine, dont leur merite a été recompenſé par pluſieurs Princes, & même freres de nos Rois, Chanceliers, Miniſtres d’Etat, Ambaſſadeurs : tous enfin, ou illuſtres par la noblesse de leur ſang, ou par celle de leur vertu, nobleſſe encore plus deſirable.

Que de ce grand nombre de Pontifes, il s’eſt formé dans le Gallia Christiana un Concile de tous les ſiecles de l’Egliſe Gallicane compoſé de plus de trente mille Evêques, ſuivant la remarque des trois freres dans leur Harangue à l’Aſſemblée de 1656.

Que ces trois freres s’appercevant neanmoins qu’il y avoit encore quelque chose à deſirer pour la perfection de cet Ouvrage, ils en firent eſperer deſlors une ſeconde Edition qui n’a pourtant jamais paru.