Page:Gallonio - Traité des instruments de martyre.djvu/12

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divine puisèrent dans la Croix et déployèrent dans les tortures, qu’il nous a paru convenable de placer la Croix en tête du présent livre. Mais, comme les poteaux plantés en terre étaient tous inclus par les Anciens sous le nom général de Croix, nous en devons traiter dans le même chapitre, aussi bien que des autres engins auxquels les corps des Saints Martyrs étaient suspendus, en punition de leur persistance dans la foi du Christ. Car, en vérité, soit qu’ils aient été cloués à la Croix, ou bien liés à des poteaux, on peut toujours dire qu’ils étaient suspendus.

Mais, pour en revenir à la Croix, nous devons dire que non seulement les Juifs, mais aussi les Gentils, avaient l’habitude de clouer sur une Croix les criminels condamnés. Et cela est expressément constaté par divers de leurs propres auteurs, en premier lieu par Cicéron, en différents passages (spécialement dans « les Philippiques » et « De Finibus ») ainsi que par Valérius Maximus, par Tite Live, Curtius, Suetonius (Galba) et Sénèque (De Consolatione).

Ce dernier passage montre qu’il y avait des Croix de plus d’une sorte, comme cela est clairement établi dans ce qui suit : « De ceci, je conclus que les Croix n’étaient pas que d’une sorte, mais faites différemment par les différents peuples. Il y en a qui pendent le criminel la tête en bas, d’autres lui traversent les entrailles par un pieu, d’autres encore lui étendent les bras sur un gibet en forme de fourche. » Maintenant, pour expliquer de quelle sorte étaient ces croix qui « traversent les entrailles avec un pieu », Sénèque l’explique d’autre part, car il appelle cette sorte de croix, dans son accusation contre le luxurieux Mécènes une croix en pointe aiguë. D’après cela, il est aisé de comprendre que, si certaines de ces Croix ressemblaient à ce que nous appelons aujourd’hui Croix, d’autres étaient semblables à ces pieux aiguisés que les Turcs, de nos jours, emploient pour exécuter les condamnés et avec lesquels ils traversent les victimes depuis le fonde-