Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des perroquets verts passent par volées en jacassant. Ils ont des ailes d’émeraude qui tranchent sur le vert foncé des arbres. Des aras rouges les croisent, poussant au passage des cris éclatants, comme des sonneries de cuivre.

Les hommes s’étirent, se dressent, un à un, sur leur séant et retombent lourdement pour dormir encore.

Je vois, entre les cils baissés, le regard impatient de Marthe.

— Réveillez-les, dit-elle, partons…

Elle est assise devant moi. Ses pieds nus crispés, ses mains frémissantes, le balancement des épaules, témoignent cet énervement enfantin qui est le propre de la folie nomade dans la brousse et qui est aussi le propre de l’esprit inconstant et inquiet de la femme sous toutes les latitudes.

— Réveillez-les… dit-elle.

Mais l’implacable silence et la tiédeur de l’air ont peu à peu calmé son cœur agité.

Pour dormir à son tour, elle a mis sa tête sur mes genoux. Je dénoue ses cheveux qui roulent sur le sol, comme un sable doré.

Cependant, nous, seuls, sommes immobiles. Tout près, derrière les arbustes qui regardent l’eau de la crique, des bêtes lentes rampent et s’en vont. Un peu de vent a mis en mouvement les hautes frondai-