Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/144

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et je vois maintenant ses yeux blancs, ouverts sous mon regard.

— Je ne te vois pas encore, dit-il… ne pars pas, attends-moi… je te conduirai sur la pirogue. Aucun homme ne connaît la rivière comme moi.

Alors, le prenant à mon tour aux épaules, et caressant ses bras décharnés :

— Écoute-moi, dis-je, une lumière brille en toi qui éclaire ta vie… Tu sais que bientôt la vue te sera rendue… Mais moi, je suis aveugle… je ne vois rien de la vie…

Le vieillard, comme frappé d’horreur, recule, ses mains tremblent, sa voix chevrotante gémit :

— Ta vie est désespérée, dit-il, il n’y a plus rien à attendre de toi.

Tout le soir, le vieux Saramaca reste accroupi dans le carbet, le menton appuyé aux genoux, comme frappé d’une grande douleur.