Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/147

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pes insoutenables lui arrachaient des hurlements. Une lymphangite commençait qui pouvait le paralyser pendant plusieurs semaines.

L’Indien le rassurait, cherchant à le persuader que les remèdes créoles le guériraient.

Lorsque je revins, à l’aube, ayant dormi sur un boucan improvisé dans la case du vieux Saramaca aveugle, le mineur délirait.

Le jeune Peau-Rouge s’empressait et préparait un bain d’herbes aromatiques.

Je lui dis mon nom et lui fis connaître que j’étais moi-même mineur ; il ne me crut pas et consentit cependant à m’employer.

La fièvre tomba vers le soir. L’homme, le visage brûlé par de longs séjours au soleil, la barbe en broussaille, paraissait être un de ces aventuriers sans race, un des hors-la-loi décharnés qui courent le bois et dont personne ne connaît ni l’origine, ni l’âge, ni le rôle dans la vie.

Je l’interrogeai en vain. Il était paralysé et souffrait chaque jour davantage.

Un soir, l’Indien m’apprit qu’il venait du placer Enfin sur la haute Mana, et qu’il descendait à la fourca du Lézard pour prendre aux premières eaux la route du placer Elysée.

Je sus par lui que le mineur s’appelait Pierre Deschamps.