Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/152

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peupliers qui le protègent du vent… des rosiers roses et rouges semblables aux berceaux de lianes fleuries d’orchidées qui couvrent ta maison.

— …

— Là, sur le pas de la porte, surveillant la route avenante, une femme m’attend, très pauvre, et priant à chaque heure pour son fils égaré. Et moi, j’arrive… Elle pleure de joie.

Tout le soir, nous préparons le départ en cachette. Le vieux Saramaca n’en finit pas de choisir les objets qu’il emporte. Sous le banc de la pirogue il enfouit de précieux trésors : des peignes, des piments et le pot qui contient l’affreux mélange de tabac et de poivre.

Un intime bonheur, une joie sourde, a pénétré mon cœur et court avec mon sang. Rien ne me retient plus… Je partirai… et ce sera tout. L’envoûtement du Peau-Rouge est fini.

La nuit venue, prenant par la main le Saramaca aveugle, je descends au fleuve. Nous passons sans frôler une branche, sans troubler aucune ombre. Le vieillard, accroupi à l’arrière, lance la pirogue à larges coups de pagaie et gouverne en suivant le courant. Je dois, à l’avant, signaler les arbres flottants et les embûches de la route. Mais, dans la nuit profonde, mes yeux imparfaits d’Européen sont sans effet.

Sur le fleuve hermétique, il n’y a plus rien que