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bardée de pointes acérées, je tombe sur les genoux, mon front touchant l’étrave.

— Marthe…

Et c’est fini… Le vent qui sèche la sueur dans mes cheveux m’apporte la fraîcheur et le repos.

Pour revenir au dégrad, j’ai pris à l’arrière de la pirogue la place du vieillard infirme. Chaque coup de pagaie qui me rapproche du camp où dort Pierre Deschamps enlève à ma poitrine un peu du fardeau qui l’oppresse.

Comme nous abordons le débarcadère des Saramacas, un flot de lucioles débouche de la brousse, tourbillonne sur nos têtes et tombe, comme une fin de feu d’artifice, sur les bambous frissonnants. Dans un instant, semblable à un brasier qui s’allume, le jour naît sur le fleuve. Et, lorsque, soutenant dans mes bras le vieillard qui chancelle, j’entre dans le carbet en désordre, j’entends les bruits joyeux du matin, les piaillements des enfants et les rires des ménagères.