Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/163

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Et cependant, quelle vie intense nous environne !

L’âme du Fleuve domine le monde. Sa voix pénètre la vie intérieure de la nuit. Le récit féerique est comme un cœur qui bat, pressé sur ma poitrine.

Je regarde autour de moi. L’air vibre.

Avec les voix sourdes du fleuve, des ombres entrent dans la case, comme si les personnages évoqués par le Fleuve accouraient pour rendre témoignage.

Maintenant le Fleuve raconte la fin de Jean de La Ravardière :

… C’est une femme au teint doré, dont les yeux brillent sous les paupières frémissantes. Elle aime l’Aventurier. Les compagnons du chevalier normand sont épris d’elle ; ils se battent et s’entretuent. L’Indienne assiste à la tuerie avec indifférence.

Ses pieds nus, aux ongles peints, laissent des empreintes sanglantes sur les fourrures blanches au pied du lit d’El Dorado.

Ils ont en vain découvert la Mine et la Cité prodigieuse, les chevaliers venus sur les blanches caravelles. Ils ont en vain conquis le royaume fabuleux… ils meurent, l’un après l’autre, et très vite, parce qu’une femme aux yeux verts…