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sants parfums ; le balata, dont la peau saigne un suc laiteux, le mancenillier, à l’ombre duquel aucun homme ni aucune bête ne peut vivre, le fromager, vêtu de coton épais, le manguier, porteur de fruits délicieux, l’angélique et le courbaril taillés en hercules, et dont le bois est imputrescible. Et le wacapou, plus dur que l’acier, l’ébène verte, aux fibres serrées, le wapa, rouge foncé, le bois de fer, toute la famille des acajous roses et tendres. Les bois précieux : l’amourette à la robe somptueuse, les satinés rubanés, semblables à des soies anciennes, le bois serpent, veiné de couleurs chatoyantes.

Ils étalaient leurs parures splendides, chamarrés comme des chambellans un soir de fête. Le manteau des arbres précieux était tour à tour blanc de lait, rouge sang, rose, noir de geai, jaune d’ambre, bleu de cobalt, violet et vert tendre, et mauve, et gris, et doré.

Athlètes aux fronts élancés jusqu’au ciel, ils respiraient la force. Dans les plis de leurs vêtements aux couleurs éclatantes flottaient des parfums rares.

Leurs voix avaient des résonnances de violons éperdus. Dans la nuit lyrique, elles vibraient harmonieusement. Elles dominaient le récit monotone du Fleuve, les frémissements de la Solitude et les pauvres voix discordantes des hommes.

— A la fin de la saison sèche, disaient les arbres, lorsque pâlissent les feuilles sur la colline, le