Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand à peine l’autre est finie. Les sommets ne sont pas longs, la descente suit de près la montée.

— Il faut rentrer ; la nuit est proche…

Pierre, essoufflé, ne veut rien entendre. Encore une colline… il semble qu’au delà de chaque sommet, un horizon nouveau va apparaître. Et, cependant, nous savons l’un et l’autre que le moutonnement des croupes boisées continue, monotone, jusqu’à l’infini.

Nous passons sous un palmier maho dont les fleurs qui jonchent le sol ont l’odeur de champignons pourris. Puis, c’est un enchevêtrement de lianes qui pendent des arbres et semblent nous barrer la route. Les lianes tombent jusqu’au ras du col comme de longues et flexibles stalactites, les unes droites, les autres torses, toutes assez grosses et assez solides pour qu’on puisse y grimper comme à des cordes.

Lorsque le vent souffle, les fines barres suspendues s’entrechoquent et font un bruit d’épées croisées.

Dans une éclaircie, apparaissent en plein soleil, des sables aurifères que les mineurs ont lavés pour en retirer l’or.

J’avais prévu que la nuit nous surprendrait. Pierre Deschamps, à bout de forces, s’appuie si lourdement à mon épaule que j’ai parfois l’impression de le porter.