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XXXVIII



MA vie est un long rêve éveillé. Je vais, les yeux éblouis, sur la route ardente, comme un convalescent qui marche en chancelant dans un jardin ensoleillé.

Ma vie est semblable à une barque désemparée sur le fleuve. Je ne sais rien des forces mystérieuses qui me conduisent.

Cependant, chaque jour, l’image de l’Indien apparaît devant moi.

Je sais que, partout présent et invisible, le Peau-Rouge thaumaturge conduit et domine toute chose. Je sais que j’obéis à sa volonté, et que les voix de la Solitude, des arbres et du Fleuve et la voix même du fantôme viennent de lui.

Il est là, près de moi… Je lui parle… Et, comme si mon âme était désormais absorbée par la sienne, c’est lui qui parle par mes lèvres.

.   .   .   .   .   .   .   .  

— C’est ainsi que l’Indien se dédouble… C’est par lui que la folie est venue aux hommes sur le camp…

Pierre Deschamps a suivi mon récit avec attention. Craignant de n’être pas cru par lui, j’ai raconté les événements mystérieux du placer avec mesure.