Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/184

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décoré de larges zébrures, le plateau qui domine le lac Parimé est rayé de veines d’or pur.

Le vieux Saramaca tremble ; ses yeux sans regard, fixés sur moi, ont pris soudain une étrange lumière.

— Le lac…

.  .  .  .  .  .  .  .  .

Ses bras battent l’air. Il est tombé comme un cèdre atteint par la foudre.

Je le soutiens ; son souffle n’est plus qu’un frisson d’ailes ; ses lèvres blêmes ont un sourire extatique. Je l’ai porté sur le boucan de lianes tressées.

Des lumières vacillantes s’allument çà et là dans la case comme des feux-follets. Le silence est noir et bleu comme une eau profonde, et les oiseaux de nuit ont un vol palpitant, élastique et velouté.

Puis, des lueurs de lune viennent en glissant à travers les arbustes de la brousse ; elles plaquent de feuilles d’argent les objets et les bois de la case. Des ombres fantastiques et des arabesques phosphorescentes dessinent dans l’air la silhouette d’une ville de féerie. La construction aérienne faite d’écharpes de brume et de rayons de lune se transforme à chaque instant, répétant sous des contours toujours nouveaux l’architecture des dômes étincelants, des campaniles et des palais magiques.