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fuit devant nous. Nous débouchons dans la vallée de l’Elysée.

Le tapir a le cou et les oreilles d’un âne, le corps et les jambes courtes du porc, des pieds de rhinocéros. La tête, petite, avec des yeux très étroits, se termine par une trompe. Il a la grosseur, la force et la stupidité du bœuf.

Il s’élance dans le marécage ; l’eau éclaboussée accompagne sa fuite éperdue. Appuyé des pattes de devant à la coque, il tente en vain l’escalade de la drague. Les griffes grincent sur le métal ; il tombe, s’efforce à nouveau d’atteindre le refuge, plonge comme un noyé désespéré, et revient au point où il a quitté la berge.

Les chasseurs l’attendent et l’abattent à bout portant.

Le placer est une étendue désertique, éblouissante et miroitante comme un lac sous le soleil. C’est une immense cuvette où la lumière bout.

Dans le silence torride, sous le feu jaillissant du ciel comme d’une fournaise ouverte, nous avançons à la file indienne. Les Saramacas traînent sur le sol la dépouille du tapir qui laisse une trace sanglante sur les quartz blancs.

Les maisons de la colline apparaissent, une à une, encadrées de dentelle verte. Les champs de manioc et de canne à sucre qui entouraient le