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Ne comparez pas les mineurs dans la brousse aux autres hommes. Ils ont subi l’enchantement ; le mystère de la Solitude les pénètre. Non… ils ne ressemblent même pas aux marins accroupis autour d’un mât sous les tropiques. Il y a ici une puissance d’émotion intime que rien ne peut exprimer.

La nuit équatoriale était un gouffre de ténèbres blafardes d’où montait une atmosphère étouffante de serre chaude.

Le vent faisait sur les cimes un bruit d’orage lointain, le chant des lézards ressemblait au tictac d’un moulin ; on entendait très loin, au-delà du marais » les plaintes rauques des singes en amour. Les crapauds-buffles imitaient le bruit des rames frappant l’eau en cadence ; des cigales crissaient. Quelques lucioles déchiraient l’air de zébrures de feu violet et vert.

C’était la nuit, lente… lourde…

Parfois, un troupeau passait, signalé par un crépitement d’averse : ruée silencieuse de porcs sauvages ou de fourmis rouges, laissant derrière elle une prenante odeur de pourriture.

Un sommeil étrange planait dans la case, accablant comme l’ombre empoisonnée du mance-