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XLV



DES bruits de pas sur la terrasse troublèrent la pénombre.

Un à un, les hommes entraient : Delorme d’abord, puis Pierre et Marthe, puis les hommes du camp, puis l’Indien. Ils entraient, l’un après l’autre, lentement, comme des hommes harassés par une longue course.

Le forçat Renard allait et venait dans la case commune, les bras ballants ; il marmottait entre ses dents, faisant un effort douloureux pour vaincre la crainte qui l’empêchait de parler.

— Je ne resterai plus seul ici, dit-il, en s’avançant résolument vers Delorme… Je ne veux plus rester seul.

Il se tenait debout, tremblant, son visage rendu livide par l’émotion.

— Tu es faible, dit Marthe avec bonté, comment suivras-tu le convoi lorsque nous aurons abandonné les pirogues ? Tu ne pourrais pas porter une charge…

— Il vaut mieux, insista Delorme… il vaut mieux que tu restes ici. Tu garderas le camp ; peut-être reviendrons-nous…

Mais déjà le forçat, à genoux, les mains agrip-