Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des images flottaient dans la buée blanche, comme des voilures de barques dans une rafale de neige. Les images blanches roulaient et tanguaient et se renouvelaient sans cesse.

Peu à peu, la vision se précisa.

Devant leurs yeux, s’ouvrait la perspective éperdue du lac Parimé.

Ils se souvenaient : chacune des étapes du beau voyage était présente à leur esprit. Dominant tous les mouvements de la jungle et du fleuve, l’apparition lointaine de la ville dorée emplissait leur pensée.

Ils parlaient… ils parlaient…

Marthe, appuyée à l’épaule de Pierre, disait :

— Il y avait au bord du lac des ibis rouges géants et des nénuphars blancs étalés comme des draps dans la prairie… Comment traverserons-nous le lac ? Qui construira les pirogues ? La route jusqu’au lac nous est maintenant aussi familière que les chemins du camp… mais il reste encore cette étape à faire sur l’eau inconnue… Demande aux esprits de venir avec nous… ils nous aideront…

Accroupi sur le seuil de la case, le forçat pleurait et se tordait les bras. Gagné par la folie collective à laquelle il avait échappé naguère, il