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XLVIII



DES jours, des jours encore au cours desquels les préparatifs du départ remplissent toute la vie du camp.

La maison est assourdie de bruits nouveaux ; des caisses armées d’une double enveloppe de zinc sont entassées sur la terrasse, parmi les cantines aux cloisons étanches, remises à neuf, les pelles, les couis, les battées, les fusils, les hamacs roulés…

La pluie ruisselle dans ce grondement de tonnerre ininterrompu.

La saison d’hiver est venue en rafale ; les criques débordent ; les Saramacas halent les pirogues, réparent les armatures desséchées par l’été.

Dans le brouhaha des marteaux résonnants, des cris et des pas pressés, la joie circule d’un groupe à l’autre, avenante et tumultueuse, comme l’âme d’une foule un jour de fête.

Les takaris, fraîchement écorcés, sont alignés le long des bordages. Sur les pirogues vides, où les hommes prendront place, des tentes de feuillage sont dressées.

Les mineurs du camp et les placériens regardent avec surprise.

L’abandon de la drague, la fermeture des