Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/56

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Nous entendîmes son halètement pressé pendant qu’il disparaissait dans l’amoncellement des lianes où il se ruait sur la rive opposée.

Puis ce fut de nouveau le silence, humide et vivant…

Soudain, l’oiseau-voyons répéta son appel. C’était un aboiement bref, sec comme un coup de fouet.

Delorme examinait une bizarre empreinte de pas qui se formait spontanément sur le tracé, comme si un homme invisible marchait à côté de nous. Pendant une minute, il resta immobile, penché sur le sol ; aucun muscle de son visage ne remuait pendant qu’il regardait la trace qui s’avançait, parallèle à la nôtre… Il semblait paralysé par la frayeur.

La trace, sur le soi humide, était si fraîche, que l’eau suintait aux bourrelets de terre remuée. C’étaient de grandes empreintes de bottes ; les enjambée ? étaient celles d’un homme de taille robuste.

Delorme prit un élan et descendit le sentier en courant. Une peur irraisonnée me lança à sa suite. Mes yeux, cependant, ne quittaient pas le sol, et je vis que la trace n’existait plus. Mais presque aussitôt elle arriva… elle s’imprimait régulièrement sur la terre et venait en ligne droite vers nous.

Pris de folie, Delorme fit feu dans la direction