Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/59

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— Il n’y a plus un esprit sain sur ce placer… les hommes ont abandonné le travail. Pour échapper à l’obsession, il faut que cet Indien parte.

— L’Indien… il faut aussi que Marthe.

Il ne put achever sa pensée. Ses yeux se voilèrent comme si les larmes les obscurcissaient.

Courbant la tête, n’osant pas regarder l’ingénieur en face, je dis à mi-voix :

— Vous lui parlerez… elle comprendra… Peut-être pourrait-elle partir par le tracé qui conduit au fleuve. L’Indien la conduirait…

Delorme, pensif, ne répondit pas.

L’Indien se tenait devant la balustrade. Delorme s’avança résolument vers lui. Malgré sa haute taille, il paraissait fragile et timide devant le colosse.

L’Indien nous souhaita la bienvenue. Une force irrésistible se dégageait de lui ; il nous dominait. Avant que Delorme eût exprimé son désir, il nous représenta les difficultés de la traversée dans la brousse.

Qu’adviendrait-il de sa pirogue ? Qui porterait les vivres pendant le long trajet ?… Il n’y avait vrai-