Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/60

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ment aucune raison pour hâter le départ… Il consentirait cependant à conduire Marthe au bord de la Mana, mais il reviendrait pour ramener son canot… Pouvait-on abandonner la jeune femme au bord du fleuve, seule et sans pirogue ?… C’était un projet irréalisable.

Il parlait lentement, avec clarté. Il répondait exactement à chacune des objections qui nous venaient à l’esprit, avant même que nous ayons exprimé nos pensées.

Il était évident qu’il lisait dans nos âmes comme dans un livre ouvert.

Les Indiens, entre eux, ne parlent que rarement et par monosyllabes. Ils se transmettent mystérieusement leurs idées. Aucun voyageur n’ignore que l’Indien peut transmettre sa pensée à distance, et qu’il communique de tous les points de la jungle avec les êtres qui lui sont chers dans sa tribu lointaine.

Delorme, tourné vers moi, approuvait chacune des déclarations de l’Indien, comme s’il me prenait à témoin de l’impuissance où il se trouvait de rien changer à l’état de choses existant.

La certitude où il était désormais que Marthe ne quitterait pas le placer, faisait briller ses yeux de joie.

En nous retournant vers la case illuminée pour le repas du soir, nous aperçûmes Marthe jouant sur le