Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/63

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vent éteignit la lampe. Du sable arraché au sol gicla autour d’eux.

— Qu’est-ce ? dit Ganne.

Dans le silence et le calme, pesant comme un sac de blé sur leurs épaules, ils écoutèrent. Tout à coup, une seconde volée de gravier et de pierres traversa la salle.

Ganne ralluma la lampe. Ils regardèrent sur le seuil et, sous la lune nacrée, ne virent que la Solitude endormie.

— Crois-tu aux esprits ?

Ils tremblaient légèrement et hochaient la tête.

— Les hommes de l’ancienne Compagnie venaient de France. C’étaient de bons ouvriers… ils sont morts ici… ils reviennent, peut-être.

Ils écoutèrent encore. Ils savaient que sur le camp désert aucun homme n’avait passé. Ils étaient seuls devant Dieu.

— C’est étrange, reprit Ganne… Nous avons peut-être mécontenté les esprits invisibles et présents des hommes qui sont morts ici avant nous.

Loubet haussa les épaules et cracha avec mépris.

À ce moment, ils eurent simultanément la perception d’une ombre opaque à forme humaine, qui passait entre eux. Une main s’était posée sur l’épaule de Ganne qui se dressa.

— Suis-je fou ? dit-il.