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bêtes, le clapotement de l’eau du lac et des voix graves, sourdes, qui semblaient raser le sol.

Le monde m’apparaissait maintenant tout différent.

Qu’étais-je en somme dans ce pullulement d’êtres ? Je voyais que la vie était partout et que l’âme des choses que je croyais inertes dominait ma propre conscience.

Il eût mieux valu pour moi ne pas avoir connu cet homme. Ses yeux étaient comme des phares qui pénétraient la nuit de la vie.

Je me détournai soudain avec un rapide battement de cœur. Marthe était là, rieuse, cherchant querelle au Peau-Rouge.

Elle s’agrippa des deux mains à une liane qui céda sous son effort. Elle put ainsi cueillir une orchidée géante aux reflets d’opale.

Quand elle eut dans les mains la fleur monstrueuse, elle déchira lentement les larges pétales gras.

— Tu as détruit de la beauté…

— Et de la vie…

Marthe souriait, légère et radieuse dans l’encadrement de la liane abattue. Cependant, une voix montait du sol :