Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/64

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musique de la division navale, placée à l’entrée de la salle, fait entendre l’air tahitien, les canons de la frégate amirale et du fort du mont Faiere se donnent la réplique dans une salve respective de 21 coups de canon, le roi et l’amiral suivis de tous les assistants défilent au milieu de la haie formée par les troupes… et il ne reste plus aux opposants qu’à faire chorus avec la population acclamant le nouveau roi !…

C’était un échec pour le chef de la mission protestante ; il ne se décourage pas, bien que Pomare V ne paraîsse pas faire grand cas de son intervention dans les affaires du royaume. Même, comme je viens de le dire, lorsqu’il se permet d’entretenir le roi au sujet de ses affaires personnelles, ce dernier se refuse d’une façon péremptoire à l’écouter.

En 1879, le gouvernement français pensa que le moment était favorable pour asseoir plus solidement notre influence en Océanie. Le roi, de son côté, n’envisageait pas sans tristesse, pour des motifs d’ordre intime, la destinée réservée au peuple tahitien dans le cas où il viendrait à lui manquer ; il voyait les compétitions sourdre de tous côtés, il sentait qu’on escomptait le moment où il disparaîtrait.

M. Isidore Chessé, appelé par décret du 3 décembre 1879 aux fonctions de commandant des établissements français de l’Océanie, commissaire de la République aux Îles de la Société et dépendances, arriva dans la colonie à la fin de mars 1880. Il se mit immédiatement en rapport avec ceux des résidants et fonctionnaires que leur situation, les connaissances qu’ils paraissaient avoir des hommes et des choses pouvaient le renseigner sur l’état des esprits, et faciliter son action ;