Page:Garin Le Loherain.djvu/14

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serait à vous, qui ne tenez pas mémoire des bienfaiteurs. Si nous sommes riches (le Seigneur en soit, loué !), c’est par les bonnes terres que leurs ancêtres nous ont léguées. Que chacun de nous aujourd’hui y mette donc un peu du sien ; il ne faut pas, en refusant tout, nous exposer à tout perdre. — Tout ce que vous voudrez, » reprit l’Archevêque en fureur, a mais avant d’accorder deux mailles angevines, je me laisserai traîner à la queue de leurs chevaux. »

« Ah ! par saint Sepulche ! » s’écria le Pape indigné, il n’en sera pas comme vous l’entendez. Approchez, Charles Martel, mon fils. Je vous octroie les fourrures de vair et de gris, tout l’or et tout l’argent dont les Clercs seront saisis, leurs palefrois, leurs roncins et leurs mules. Prenez tout ce qui sera de prise ; servez-vous-en pour chasser les Yandres et délivrer la terre. Je vous octroie encore, cher fils, la dîme et la demi-dîme pendant sept années, mais, une fois les Sarrasins exterminés, vous cesserez de la leur. »

« — Grand merci ! sire Apostole, » répondit Charles Martel. Puis le duc Hervis parlant aux chevaliers : « Voilà tout ce que nous demandions. Aux moutiers donc, aux chevaux, aux deniers monnoyés ! »

On les eût alors vus saisir le vair et le gris, prendre l’or et l’argent, les riches coupes, les armures dont les Clercs étaient saisis. On les eût vus endosser les hauberts, lacer les heaumes et dresser les écus. Le nombre des guerriers augmente alors de moment en moment ; bientôt on les estime à quarante mille, tous préparés à bien faire pour défendre le pays et combattre les ennemis de Sainte Chrétienté.