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UN AMI INDIGNE

On lui remit tant d’argent en échange de ses lingots qu’il dut louer 70 bœufs pour traîner sa fortune.

Comme il se sentait vieilli et harassé de fatigue, il se fit transporter dans un palanquin à deux roues.

C’est ainsi qu’il arriva à la ville où la veuve et l’ami tenaient une hôtellerie.

Cette hôtellerie était célèbre dans le pays. Depuis qu’elle l’avait fait construire, la veuve nourrissait l’espoir d’y recevoir un jour ou l’autre Paksen.

Dès que celui-ci pénétra dans la cour, elle le reconnut. Mais lui, il ne la reconnut pas.

Le soir, lorsqu’elle lui eut servi à souper, elle prit un couteau qu’elle cacha dans les plis de sa jupe, et elle alla rejoindre Paksen pour l’interroger.

Mais elle apprit tout autre chose que ce qu’elle pensait.

Sans savoir à qui il parlait, Paksen la mit au courant de sa vie passée. Alors la veuve se mit à pleurer. Elle jeta son couteau, se nomma et instruisit Paksen de la perfidie de l’homme qu’elle avait épousé.

« Que faire ? dit Paksen. Nous n’avons trompé personne et nous nous aimons. Partons loin d’ici et finissons nos jours ensemble. »

Et c’est ce qu’ils firent. Ils quittèrent l’hôtellerie le même jour, laissant la maison à l’indigne ami.