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CONTES CORÉENS

hasard, de même elle grandit ; elle devint la plus belle fille que la terre eût jamais portée.

Tout le monde en parlait à son père, mais celui-ci répondait invariablement :

« Hélas ! je suis aveugle et je ne puis la voir ! »

Or, un jour, un moine qui passait devant sa hutte lui dit :

« Que donnerais-tu au grand Bouddha s’il te rendait la vue ?

— Je lui donnerais trois cents sacs de riz !

— Où les prendrais-tu, pauvre aveugle ? répliqua le moine.

— Je dis la vérité ; est-il personne au monde qui aurait l’audace de tromper Bouddha ?

— Bien ! dit le moine. Apporte le riz au couvent et aussitôt tu recouvreras la vue. »

Le moine parti, Sim-Poissa se demanda comment il avait pu promettre tant de riz et où il le prendrait.

Il eut beau réfléchir. Il ne trouva aucun moyen de tenir sa promesse. Alors, il devint triste et perdit l’appétit.

« Pourquoi ne manges-tu pas, père ? lui demanda Sim-Tchen.

— Je ne veux pas te le dire », répondit l’aveugle.

Sim-Tchen se mit à pleurer :

« Je ne te soigne donc pas bien ? Ne suis-je pas prête à sacrifier ma vie pour que tu retrouves ta gaîté ? »

Alors Sim-Poissa lui avoua tout.