Page:Garine - Contes coréens, adaptés par Persky, 1925.pdf/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
CONTES CORÉENS

— Allez-y, vous y serez très bien reçu ; mais ne pensez pas à voir la maîtresse de la maison ; depuis le départ de son mari, elle ne se montre à aucun homme. »

Quand Ko arriva à l’école, les élèves l’attendaient. À tous il demanda leur nom de famille.

L’un d’eux répondit :

« Je m’appelle Ko ! »

C’était son fils, né en son absence.

Le père ne se trahit pas et, l’examen fini, il s’en alla.

Deux ans passèrent.

Le délai de dix ans avait pris fin et Ko rentra dans sa patrie.

Il alla de nouveau visiter l’école et dit à son fils :

« Je veux voir ta mère.

— On ne peut pas la voir.

— Présente-lui ceci. »

C’était la moitié du fragment d’étoffe où elle avait tracé des lettres avec son sang dix ans auparavant.

Sans mot dire, le fils s’en alla vers sa mère.

« Il y a là un étranger qui désire te voir. Il m’a prié de te remettre ce morceau d’étoffe. »

Dès qu’elle vit le fragment, Kili-Si s’écria :

« Oh ! mon fils, fais-le entrer vite !

— Que signifie cela, mère ? Serait-ce mon père ?

— Oui, c’est mon mari et ton père. »

C’est ainsi que Ko revint chez lui, après avoir tenu sa parole ; et il vécut dès lors heureux avec sa vertueuse et intelligente femme.