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CONTES CORÉENS

semé ni planté ce légume, et il a envahi notre jardin potager.

— Je retiens la récolte entière ! »

Ni, un mois durant, dépouilla son jardin et le juge put remplir tous ses entrepôts.

Il vendit les racines et gagna ainsi trois millions de lians[1].

Il demanda à Ni :

« Quelles personnes composent ta famille ?

— Ma mère et moi, répondit Ni.

— Si l’offre t’agrée, je te donne ma fille en ma­riage.

— Tu me vois tout prêt à accepter, donne-moi ta fille ! »

Ni vint se fixer chez le juge, avec sa mère, et la noce fut célébrée. Mais le nouvel époux était des plus simples, et sa jeune femme en concevait de l’irritation.

« Les jeunes gens de ton âge jouent aux osselets ou aux cartes et s’amusent dehors. Toi, tu demeures cons­tamment à la maison, comme un sac. »

Le beau-père ajoutait :

« Ta femme a raison. Tu devrais t’amuser. Tiens, voilà cent lians. »

Ni s’en fut à la ville, en fit le tour et revint, ayant dépensé deux cash pour deux tasses de millet dont il s’était régalé.

Sa femme fut navrée d’avoir un mari qui ne savait pas dépenser plus de deux cash.

  1. Un lian vaut environ 1000 cash.