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CONTES CORÉENS

jour, ils distribuèrent aux pauvres de l’argent et du pain.

Mais le bruit courut dans la ville que Ni et son beau-père avaient dû détrousser quelqu’un ; sinon, d’où tireraient-ils leurs richesses ?

Cette rumeur arriva aux oreilles du roi.

« Ni n’a peut-être volé personne, dit le premier ministre au roi, mais un homme qui est si riche et, qui, de plus, donne de l’or aux pauvres, est un homme dangereux pour le royaume et il faut le détruire, lui et toute sa race. »

Le roi ne contredit pas son ministre, et la garde partit pour mettre en prison Ni, sa femme et le beau-père.

Mais quand le palais fut cerné, Ni évoqua Tinan et lui ordonna d’emporter le palais et sa famille dans un pays éloigné des lieux où l’on coupe la tête aux gens forts ou sages, pour les punir de secourir les pauvres.

Tinan rentra dans la pierre et trois vieillards en sor­tirent. Le premier frappa la citrouille et le palais s’éleva dans les airs ; le second frappa la sienne et le palais monta jusqu’aux nuages ; le troisième fit de même que les deux premiers et le palais disparut aux regards.

Quelle contrée lointaine Ni a-t-il choisie pour y fixer sa demeure ? Habite-t-il la terre ou le ciel ? Nul ne le sait. Mais à la place où se trouvait son palais, s’étend un marécage. Au printemps, des violettes y fleurissent et l’endroit s’appelle Nen-moï, le marais des violettes.