Page:Garine - Contes coréens, adaptés par Persky, 1925.pdf/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
CONTES CORÉENS

« Je suis investi de toutes les dignités du royaume ; le roi est l’époux de ma fille ; quelle joie puis-je encore éprouver ? À coup sûr on ne m’offrira pas le trône. Qu’y a-t-il donc de nouveau ?

— J’ai rencontré aujourd’hui un vieux mendiant, dit le devin, et j’ai lu sur son visage qu’il recevrait aujourd’hui les douze charges du royaume.

— Tu te moques de moi ?

— En ai-je l’air ?

— Bien ! Mais si demain ce mendiant est resté mendiant, tu auras la tête tranchée. Va me chercher cet homme.

— J’ai joué ma tête en parlant ! » pensa le devin, et il partit à la recherche du mendiant.

Il le retrouva et l’amena au palais ; tout le monde voulut voir le vieillard, entre autres la belle-mère du roi.

« Mon devin t’a-t-il dit que tu recevrais aujourd’hui les douze charges du royaume. Comment cela peut-il se faire ?

— Je ne sais ce qui arrivera, mais je sais ce qui est, répondit le mendiant, et ce qui est, c’est que je n’ai encore rien mangé aujourd’hui.

— Donnez-lui à manger, dit le beau-père du roi.

— J’ai déjà entendu, je ne sais où, ni quand, cette voix joyeuse et narquoise, dit la femme.

— Écoute, vieillard, nous te donnerons à manger, à condition que tu nous fasses connaître toutes tes bonnes œuvres, ajouta son époux.